Fondation i2ml - La référence du bien vieillir en Occitanie

Nos initiatives

I2m’Elles, Des femmes dans la lumière – Un partenariat avec Géroscopie Magazine

Comme annoncé dans le numéro de Géroscopie – Janvier 2021, nous vous proposons de découvrir Ici des femmes qui nous ont émus, impressionnés, touchés par leur ténacité et leur engagement. Loin des paillettes et des projecteurs, elles agissent au quotidien pour transformer le regard de la société sur le vieillissement, favoriser la construction d’une société plus inclusive, penser les services et l’économie de demain. Rencontre avec des femmes d’exception.

Juliette Viatte – Rédactrice en cheffe


Julia Mourri – Oldyssey

Donner la parole aux aînés et mettre en lumière les solutions qui répondent aux enjeux du vieillissement à travers le monde.

Qui êtes-vous ? 

Je m’appelle Julia Mourri, j’ai fait des études de commerce (EDHEC Lille) puis je me suis orientée vers le journalisme en 2013 où, basée au Brésil, j’ai participé au programme de formation du journal Le Monde, “Le Monde Académie”. J’ai par la suite collaboré avec La Chronique d’Amnesty International, Notre Temps, Les Echos, L’Obs, Courrier International et Vice. En 2017, je me suis intéressée aux enjeux de la transition démographique et j’ai co-fondé, avec Clément Boxebeld, le projet vidéo Oldyssey. Ensemble, nous avons réalisé plus de 50 vidéos de 3 minutes, qui donnent la parole aux aînés et des reportages qui mettent en lumière les solutions qui répondent aux enjeux du vieillissement dans différents pays (Japon, Chine, Inde, Brésil, États-Unis, Québec, Sénégal, Afrique du Sud, plusieurs pays d’Europe) ainsi que dans les régions de France.

Le livre qui relate ces rencontres a été publié en 2019 aux éditions du Seuil, et vient de sortir en poche sous le titre Vieillir Ensemble (préface inédite d’Edgar Morin, Éditions Points, 2020).

Nous avons réalisé notre premier documentaire long-métrage sur l’aventure des Soccer Grannies sud-africaines et des “Mamies Foot” françaises qui se sont rencontrées en juin 2019, au moment de la Coupe du monde féminine de football.

Quel est votre métier ? 

Je suis d’abord vidéaste-réalisatrice, puisque les personnes âgées que je rencontre font l’objet de courtes vidéos postées sur le site Oldyssey.org et sur les réseaux d’Oldyssey, dont je suis la co-fondatrice avec Clément Boxebeld.

L’objectif de ces courts films est de changer de regard sur l’âge, puisque les personnes âgées deviennent les héros et héroïnes de nos vidéos, ce qui les rend visibles, en particulier sur des médias où on les voit peu et notamment les réseaux sociaux. Ils y apparaissent comme acteurs à part entière et nous permettent de mettre en avant des projets et des initiatives que l’on juge particulièrement innovants et inspirants dans le secteur du vieillissement, à l’étranger comme chez nous.

En France, par exemple, nous avons rencontré Maurice, 80 ans, qui s’engage pour l’ouverture du premier habitat pour seniors LGBT ; il y a Martine et Simone, des “Footeuses à tout âge”, des femmes seniors qui jouent au foot avec des jeunes-filles ; il y a Lucie, centenaire au Village des générations, un lieu intergénérationnel pionnier en Franceº; ou encore Mario de l’initiative L’outil en main, des artisans retraités qui transmettent leurs savoir-faire aux jeunes…

Mais un autre objectif de ce travail est d’inspirer la réplication et la diffusion des idées et initiatives mises en lumière. Des vidéos ont été le point de départ pour « répliquer » certains projets chez nous :º

– En 2018, en filmant pour Oldyssey les “Soccer Grannies” sud-africaines, nous avons initié l’idée d’un match qui les opposerait à des grands-mères françaises, les “Mamies Foot”. Nous avons co-organisé l’événement (juin 2019). Par la suite, nous avons aidé les joueuses à créer l’association “Footeuses à tout âge” pour promouvoir la pratique du foot féminin chez les femmes de plus de 50 ans.

– En 2020, pendant le confinement, nous nous sommes inspirés d’une initiative filmée au Brésil et lancé ShareAmi qui met en contact des seniors isolés qui vivent en France et des jeunes qui veulent apprendre le français.

Comment voyez-vous évoluer le secteur du vieillissement ? 

Je vois évoluer le secteur du vieillissement vers l’image qu’on a voulu donner de la vieillesse dans nos vidéos, c’est-à-dire un secteur qui donne de plus en plus la parole aux personnes âgées et les prend en compte dans les produits et services imaginés pour eux. Elles peuvent parfois sembler n’être encore que des exceptions, mais mises bout à bout, ces initiatives dessinent un secteur qui ne voit pas seulement les personnes âgées comme des personnes vulnérables et des objets d’assistance, mais aussi comme des sujets, dont il faut valoriser les capacités, le potentiel de transmission, la volonté d’être utile. J’ose espérer qu’on s’adressera de plus en plus aux vieilles personnes comme à des adultes à part entière. Aussi, de plus en plus, je vois aussi infuser le sujet du vieillissement dans différents secteurs, qui tiendront demain de plus en plus en compte des problématiques spécifiques liées au vieillissement.

Y a t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ? 

Nous faisons nos tournages en duo, un homme et une femme et ça nous semble bien d’avoir cette complémentarité. Certains ou certaines vont être plus à l’aise pour parler avec moi, d’autres avec Clément. Je remarque cependant que parmi les projets que nous avons rencontrés et filmés, la plupart étaient portés par des femmes âgées – les  soccer grannies sud-africaines ; les grands-mères sénégalaises qui luttent contre le mariage précoce et les excisions des fillettes ; les «mamies» («avo») lisboètes qui créent des collections de mode… Comme si, lorsqu’elles vieillissaient, les femmes étaient particulièrement enclines à se rassembler pour faire des choses ensemble, s’entraider, se mobiliser pour leurs petits-enfants. Lorsque je les interroge, il y a une complicité et une sororité autour de combats qu’elles ont parfois passé leur vie à mener et qu’on estime aujourd’hui réservés aux plus jeunes générations, il y a aussi une plus grande facilité à aborder des sujets qui relèvent de l’intime.

Jennifer Benattar – Exostim

Prévenir et prendre en charge les troubles cognitifs.

Qui êtes-vous ? 

Jennifer Benattar, 36 ans. Maman d’une petite fille de bientôt 5 ans, Directrice du développement pour ExoStim, membre du conseil National de la Silver Economie et de l’OIR PACA.

Quel est votre métier ? 

Difficile de donner une fonction exacte… Directrice du développement pour une société innovante comme ExoStim, c’est apprendre chaque jour de nouvelles tâches et échanger avec des interlocuteurs tous différents.

ExoStim, c’est une réponse à un enjeu de Santé Publique. La prévention et la prise en charge cognitive adaptée. Aujourd’hui présent dans les Ehpad, ExoStim sera bientôt disponible à domicile. Les objectifs sont de rassurer, dépister et traiter.

Ne disposant pas (encore !) de départements bien distincts comme certaines grandes entreprises, je travaille sur plusieurs sujets transversaux : le développement humain, commercial et technologique, la coordination des partenariats avec la recherche (CNRS) et la communication externe. L’objectif pour 2021 est de poursuivre la composition d’une équipe pluridisciplinaire qui partagera nos valeurs humanistes.

Ma mission dépasse mon entreprise et son produit. Cette utilité sociale est pour moi un accomplissement personnel et professionnel. C’est une réflexion de tous les instants qui permet de s’interroger sur soi-même et son propre vieillissement. 

Comment voyez-vous évoluer le secteur du vieillissement ? 

Si ça ne tenait qu’à moi, j’aimerais que ce secteur devienne plus dynamique, que la prévention soit le maître mot, que les vieux soient actifs, continuent de travailler s’ils le souhaitent, bref qu’ils fassent ce qu’ils veulent quand ils le veulent ! Que chacun trouve du sens à sa retraite. Et qu’on n’utilise plus ce terme de retraite d’ailleurs !

Mais… Le secteur du vieillissement signifie bien trop souvent, “Arrêter d’être utile, pire devenir un poids !”

Nous sommes convaincus de l’intérêt des actions locales, de territoire, mais je peine à imaginer une issue plus rapide et pérenne tant que nous n’aurons pas le soutien des tutelles au niveau national. Une prise de conscience est là ! Beaucoup d’acteurs émergent dans ce secteur. le terrain bouge. En revanche “là-haut”, l’heure est encore à la réalisation de rapports, la concertation, pendant que nous continuons tous de vieillir ! (eux aussi d’ailleurs!)

Néanmoins, je tente de voir le verre à moitié plein, car lors de cette fameuse année charnière, en 2050, j’aurai 66 ans et j’espère bien être actrice de la cité, et je ne suis pas la seule. Il va donc falloir composer avec nous qui représenterons une part significative de la population ! “Les graines d’un vieillissement en bonne santé se sèment tôt”, disait Kofi Annan. 

Y a-t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ? 

Un plus non. Du mieux oui ! Tant que nous sommes complémentaires pour le secteur du vieillissement, moi ça me va ! Le simple fait de pouvoir témoigner pour I2mElles, est stimulant aujourd’hui car cela prouve que nous pouvons nous organiser de manière collective. Mais j’ai parfois l’impression que si j’étais un homme, certaines portes se seraient ouvertes plus rapidement. Cela aurait permis à ma mission d’utilité publique d’être entendue plus tôt. 

Devoir concilier vie de famille, carrière professionnelle, et tenter de penser un peu à soi n’est pas une mince affaire. (Et je ne parle même pas de télétravail avec enfant à la maison !). Être une femme dans ce secteur, c’est apporter cette touche “maternaliste”, de don de soi et de réelle bienveillance.

Qu’elles soient aidantes, aide-soignantes, auxiliaires de vie, médecin, ou directrice générale, elles sont au front chaque jour et nous l’avons d’autant plus constaté lors de cette année 2020. Et ce combat qu’elles mènent au quotidien pour les autres passe bien souvent avant leurs propres besoins.

Démographiquement, on constate une proportion de veuves plus élevée que de veufs, idem pour les aidantes… Il est donc indispensable que les femmes puissent réfléchir à la suite. La femme, elle en aurait des choses à dire ! Mais c’est l’homme qui est bien souvent en représentation.

Nous ne recherchons peut-être pas les mêmes choses… Car cela fait un moment que les femmes n’ont plus rien à prouver…

Nathalie Yves Le Comptoir de l’Hirondelle

Concevoir des dispositifs de boutique Pop-up au sein même des établissements

Qui êtes-vous ? 

Je m’appelle Nathalie Yves, j’ai 51 ans. 

Quel est votre métier ? 

Ma carrière professionnelle, ce sont 25 années passées dans l’univers des seniors, dans différentes directions Marketing & Communication de grands groupes textiles des Hauts de France. Dont 10 ans à la tête du Marketing d’une BU du groupe DAMART et spécialisée dans le domaine du grand senior âge moyen 83 ans (vocation: rendre la vie plus facile à domicile). En 2017, j’ai souhaité rencontrer des décideurs et dirigeants d’EHPAD et ai été très sensible à l’enjeu de société que représente la vie des personnes âgées dépendantes ou en perte d’autonomie résidant dans les EHPAD. Début 2019, j’ai décidé de quitter le groupe DAMARTEX pour mettre mes compétences à profit et contribuer à faire des EHPAD des lieux de vie et d’envies. 

Comment? En imaginant et concevant un dispositif de boutique POP-UP, qui devient un formidable prétexte pour favoriser la création de temps de vie sociale entre tous les « habitants» de l’EHPAD. Le dispositif de boutique POP-UP s’accompagne d’une palette de services (vêtements adaptés, défilé de mode mettant en scène les résident(e)s, séances photos, reportages, shopping privé…), à forte valeur ajoutée au sein des établissements.

Les bienfaits d’accueillir le COMPTOIR DE L’HIRONDELLE sont triple : 

·Avec la boutique et les défilés de mode, les résident(e)s retrouvent le plaisir de choisir eux-mêmes les vêtements qu’ils aiment et souhaitent porter. Ils retrouvent liberté, dignité et estime de soi. Le résident est acteur de ses choix, il s’inscrit dans un véritable projet.

·L’aidant, le soignant ne se substitue pas mais accompagne. Autour de la boutique «pop-up», se vit un agréable moment de partage qui modifie les relations, les rendant plus confortables, valorisantes (et agréables) pour les 2 parties.

·ºEn permettant l’accès aux «acteurs de ville» (boutiques, photographes, vidéastes…), la structure d’hébergement devient un lieu ouvert sur l’extérieur, et permet un éclairage positif qui contribue à changer le regard sur les EHPAD.

La crise actuelle a mis en exergue l’importance du lien social en EHPAD, ainsi que la nécessité de soutenir les équipes soignantes. Le dispositif «clef en main» proposé par le COMPTOIR DE L’HIRONDELLE peut être une bonne réponse, à la fois ludique, génératrice de liens, de plaisir et de valeurs.

Comment voyez-vous évoluer le secteur du vieillissement ? 

La crise actuelle accélère la prise de conscience, nous nous dirigeons vers une société plus inclusive, dans laquelle personne ne doit être mis à l’écart. Je reprends les mots de Nicolas Menet: “En assignant des rôles sociaux aux personnes âgées, sans qu’elles s’y reconnaissent, nous tentons de mettre à distance des âges de la vie qui nous font peur.”Et donc à les isoler… Selon moi, les EHPAD sont trop souvent construits sur le modèle du sanitaire… Et non selon le reflet de la «vraie vie». Ouvrir les EHPAD, c’est inclure les personnes âgées dans la société, mais aussi la société auprès des personnes âgées pour préserver leurs prises de décision et leur autonomie, le plus longtemps possible. Demain, les EHPAD pourrait être considérés comme des pôles de ressources de proximité, en mesure de dynamiser le territoire. C’est mon vœu pieu.

Y a t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ?

Être une femme dans les EHPAD où les femmes sont sur-représentées, permet d’établir une connivence et facilite le rapprochement. Être quinquagénaire, c’est avoir des parents qui commencent à réfléchir à leur dernière partie de vie et qui ont envie d’en profiter jusqu’au bout. 

Dafna Mouchenik – LogiVitae

Créer les conditions nécessaires pour permettre à la population qui nous est confiée de vivre le mieux possible à domicile.

Qui êtes-vous ? 

Je suis enthousiaste, brouillon, persévérante, tenace, une idéaliste clairvoyante et pragmatique. Je suis travailleur social de formation. J’ai créé en 2007 un service d’aide et d’accompagnement à vocation sociale. Fort d’une équipe formidable de 165 salariés, nous accompagnons ensemble 800 personnes âgées quotidiennement, en perte d’autonomie et/ou malades et/ou en situation de handicap.

Je suis également l’auteur de deux livres: «Derrière vos portes» Édition Michalon et «Première ligne» chez Fauves Édition. Grande dyslexique, l’écriture fait pourtant partie de moi et me procure beaucoup de plaisir. Je suis très engagée ESS, je crois en une économie au service de l’humanité et de la planète. Je suis également présidente de l’une des fédérations du secteur du domicile et également administratrice d’Impact France.

Quel est votre métier ? 

Je suis la directrice de LogiVitae, service d’aide à domicile parisien. Mon travail consiste à créer les conditions nécessaires pour permettre à la population qui nous est confiée de vivre le mieux possible à domicile lorsque c’est leur choix. Secteur pauvre et mal mené des pouvoirs publics, les conditions de salaire et de travail y sont mauvaises, aussi il m’incombe de trouver tous les leviers possibles pour contre balancer cette réalité et permettre aux personnes qui travaillent à mes côtés, de ne pas devenir les victimes collatérales du système actuel.

Comment voyez-vous évoluer le secteur du vieillissement ? 

Sans réforme profonde et structurelle de l’accompagnement à domicile, les professionnels ne seront plus en capacité de soutenir la population à domicile. Pourtant les besoins vont être exponentiels et nos métiers sont pleins de sens. Si le virage domiciliaire promis par notre gouvernement était réellement pris, la filière pourrait répondre à une fantastique mission de service publique réglant bien des problématiques sociales et économiques au-delà même de la question du vieillissement.

Y a t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ? 

Le secteur du domicile est à 98% féminin. Lorsque je montais mon entreprise, il y a près de 15 ans, j’étais moi-même une toute jeune maman tiraillée entre vie professionnelle et vie de famille. Aussi ai-je toujours eu à cœur d’intégrer cela dans le mode d’organisation de mon entreprise. Je veux que les femmes qui travaillent avec moi n’aient à renoncer à (presque) rien. Travailler tout en pouvant être auprès de leurs enfants et subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille. De nombreuses problématiques sociales sont rencontrées par les auxiliaires de vieº: précarité, violences conjugales, manque de formation, problématiques liées aux logements, liées aux titres de séjours. Or permettre une réelle émancipation financière en proposant temps plein, CDI, formation. Soutenir les salariées face à chaque difficulté de la vie: logements, places en crèche… sont autant de leviers pour les aider à être libres et indépendantes. Je crois que si cela m’anime tout particulièrement, c’est aussi parce que je suis une femme.

Aurore Brion – Winncare

Concevoir, développer et commercialiser des dispositifs médicaux d’une qualité irréprochable.

Qui êtes-vous 

Je suis responsable Marketing Innovation International pour le groupe WINNCARE depuis 4 ans mais dans ce secteur depuis près de 20 ans. J’essaie de lui apporter autant qu’il m’apporte à la fois sur l’humain, la bienveillance et le respect. 

Quel est votre métier ? 

Je travaille pour la société WINNCARE depuis 4 ans. Cette ETI Française de 450 personnes génère un chiffre d’affaires de 80 millions d’euros dont 35 millions à l’export via l’implantation de 4 filiales (Espagne, Danemark, Pologne, Angleterre). Winncare conçoit, développe et commercialise des Dispositifs Médicaux tels que des lits médicalisés, des supports d’aide à la prévention des escarres et des appareils de transfert. 70% de la production est réalisée en France (le reste est réparti entre la Pologne et l’Angleterre pour les gammes spécifiques). Avec plus de 40 années d’expérience, Winncare est aujourd’hui un acteur important de l’équipement médical avec l’ambition noble d’offrir des produits et des services d’une qualité irréprochable, afin d’améliorer le quotidien des personnes en perte d’autonomie et de leurs soignants. 

Comment voyez-vous évoluer le secteur du Vieillissement ? 

Aujourd’hui la crise sanitaire a révélé notre attachement aux anciens et la nécessité d’adapter à la fois notre regard mais la prise en charge de ces derniers. L’avènement du numérique va permettre de personnaliser le parcours de soins et de mettre en place des solutions de prévention pour les accompagner et faire face à l’arrivée des babyboomers dans cette tranche d’âge. C’est la re-vieux-lution. La prise en compte des besoins en terme de prise en charge via des évaluations réalisées in situ avec des sociétés comme i2ml permettra aux fabricants d’apporter l’innovation qui permettra une meilleure prise en charge. 

Y a t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ? Pour moi, il n’y a pas de plus à être elle ou il, il y a un côté attentif très important qui parfois prend du temps pour comprendre une problématique et l’adapter dans un environnement et un écosystème qui est le leur et qui n’est pas celui dans lequel nous nous inscrivons. Ce qui est important est de comprendre leur écosystème et leur problématique, et non l’inverse. C’est vraiment la prise en compte de l’humain en première intention qui permet de développer des solutions numériques ou pas, qui permettent de protéger nos anciens et de nous faire du bien.

Aline Victor – Nutrisens

Accompagner les acteurs du soin et du prendre soin dans la mise en place de leur politique nutritionnelle. 

Qui êtes-vous ? 

Je suis diététicienne nutritionniste et je travaille depuis plus de 10 ans pour le secteur médicosocial. J’accompagne les acteurs du soin et du prendre soin dans la mise en place de leur politique nutritionnelle. A titre personnel, je suis également aidante. Ma motivation est de contribuer à apporter une meilleure qualité de vie aux personnes fragiles.

Quel est votre métier ? 

Je suis Cheffe de Projet en Nutrition pour la société Nutrisens. Je travaille en étroite collaboration avec les équipes marketing et commerciales. J’apporte à la fois mon expertise scientifique (développement de produits, qualités nutritionnelles) et ma connaissance opérationnelle (protocoles, outils, bonnes pratiques). J’ai en charge de développer une offre de services pour former et accompagner les professionnels et pour sensibiliser le grand public. Pour cela, je pilote un réseau national de plus de 60 diététiciens ambassadeurs, le réseau nutriD, qui œuvrent sur le terrain au déploiement de ces services.

Comment voyez-vous évoluer le secteur du vieillissement ? 

C’est un secteur en pleine croissance et attractif puisqu’on voit régulièrement des entreprises / startup se lancer sur ce marché. C’est une bonne chose ! Cela laisse présager que les personnes âgées auront accès à des services leur permettant d’améliorer leur bien-être et leur confort. Reste à savoir si elles auront les moyens financiers de s’offrir ces services, notamment les milieux les plus précaires. Durant la semaine de la dénutrition (qui s’est déroulée du 12 au 19 novembre), j’ai été ravie de voir la mobilisation forte des différents acteurs du terrain et des pouvoirs publics sur ce sujet. Mais il va falloir maintenant des actes et des vraies prises de décisions. 

Il va être important de tenir compte de ces deux sujets (sans quoi ces engagements et investissements perdraient tout leur sens) :

– Le vieillissement n’est pas un problème isolé lié à l’habitation ou la santé. C’est un sujet complexe qui implique plusieurs facteurs sociaux, économiques, environnementaux… Il faut qu’on travaille ensemble pour apporter des solutions adaptées. 

-Il est important de placer l’usager au centre des discussions. Il faut arriver à trouver l’équilibre entre “ce qui serait bon pour la personne” et “ce que la personne a envie de faire”. En nutrition, c’est d’autant plus vrai, qu’on touche à un sujet intime et à des habitudes de vie.

Y a t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ? 

Ce secteur demande de la bienveillance, de l’écoute et de la patience. Je pense que ce sont des qualités qu’on retrouve plus facilement chez une femme. Enfin, lorsqu’on parle d’alimentation, de cuisine, on touche à l’instinct maternel. Les femmes sont souvent celles qui décident de la culture alimentaire du foyer. La nutrition est un sujet qui intéresse plus particulièrement la gente féminine !

Giovanna Marsico – Service Public d’information en santé – Ministère des solidarités et de la santé. 

Favoriser l’accès pour tous à une information fiable, gratuite, à jour et actionnable sur la santé et les produits de santé. 

Qui êtes-vous ? 

Je suis une femme italienne transplantée dans la culture française. Avocate à la Cour de Milan, j’ai quitté ma ville pour vivre en Belgique d’abord et puis en France où je réside depuis presque vingt ans. Ma formation juridique s’est toujours mariée avec mes études humanistes et l’intérêt pour les personnes, leurs histoires de vie, leurs parcours, leur place dans la société. Je suis mère de trois enfants binationaux: Tommaso, Matilde et Stefano. Après une longue expérience au sein du monde associatif pour le renforcement de la démocratie en santé, je suis aujourd’hui déléguée au Service Public d’information en santé au ministère des solidarités et de la santé. 

Quel est votre métier ? 

Le Service Public d’information en santé (SPIS) a été créé par la loi Touraine du 2016 dans le but d’assurer que chaque citoyenne et citoyen puisse accéder à l’information fiable, accessible, gratuite, à jour et actionnable sur la santé, les produits de santé dans le domaine sanitaire, médico-social et social. Cette information se doit d’être accessible aux personnes en situation de handicap. Dans ce cadre, je pilote une équipe qui travaille d’une part sur les spécificités de l’information en santé en lien avec les besoins des usagers et d’autre part sur un site web, Sante.fr. Visant à répondre aux missions du SPIS, le site Santé.fr met à disposition des usagers un espace dans lequel ils peuvent retrouver toute l’information de référence publiée sur la santé : des fiches d’information, des dossiers thématiques, l’offre de soins géolocalisée et des services plus personnalisés comme le widget “j’agis pour ma santé”, le moteur de recherche qui répertorie tous les essais cliniques ouverts en France et très bientôt un chatbot sur les médicaments commercialisés. 

Comment voyez-vous évoluer le secteur du vieillissement ? 

Il s’agit d’un secteur très stimulant. Le vieillissement est un domaine sur lequel se penche aujourd’hui la recherche, qui dans les cinq à dix prochaines années transformera et caractérisera le monde des plus de 75 ans : besoins de santé, mode de vie, engagement professionnel, offre de soins, médico-social, éducation, urbanisme, transports et bonnes pratiques. Ces changements nécessitent des initiatives permettant d’impulser les innovations culturelles, organisationnelles et technologiques des modèles d’intervention actuels, pour repenser et adapter les services – résidentiels, semi résidentiels et à domicile – aux usages et les rendre accessibles, adaptés et durables.

Pour cela, il est essentiel de partir de diagnostics partagés avec les personnes concernées, cherchant à développer une vision capable d’appréhender non seulement la complexité des problèmes, mais aussi de valoriser la richesse et les opportunités que le vieillissement de la population génère. Il s’agit de changer le paradigme et la perception de la prise en charge des besoins des personnes âgées : de problème en opportunité. 

Y a t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ? 

J’aurais envie de répondre que la plus-value d’être femme se traduit dans la facilité à changer de perspective, de faire place à des points de vue différents, d’avoir un regard plus attentif et empathique vers les personnes, d’être capable de brasser plusieurs champs sans s’y perdre. Mais je crois que cela dépend surtout de l’individu et de son expérience. En revanche, le fait d’être femme et de surcroit étrangère, a généré en moi cette capacité de tenir, de se battre pour les valeurs que l’on porte, de ne pas lâcher, que beaucoup de femmes se forgent depuis l’enfance.

Virginie Verrière – FeelU 

Renforcer le lien social et proposer des soins non médicamenteux à l’aide d’outils immersifs.

Qui êtes-vous ? 

Je suis Virginie Verrière, femme entrepreneuse de 44 ans investie dans FeelU, société de réalité virtuelle accompagnée. Après un début de carrière dans l’industrie pharmaceutique puis dans le secteur de l’optique, j’ai décidé en 2016 de m’investir pleinement dans l’entreprenariat dans un secteur de la santé et du bien-veillir. J’essaie d’allier au quotidien mes convictions sociétales, mon envie d’innover et les échanges humains. 

Quel est votre métierº? 

Je suis la fondatrice et pilote de FeelU – structure économique et sociale dont l’objet permet d’adapter et de développer des outils immersifs dans le but de renforcer le lien social et proposer des soins non médicamenteux. Mon étoile du Nord est de faire grandir les compétences nécessaires à la réussite de ce projet complexe et innovant. Cet accompagnement inclut le respect et l’écoute mutuelle au sein de notre équipe ainsi qu’un dialogue permanent avec les bénéficiaires et les parties prenantes acteurs du bien-vieillir. La solution FeelU, c’est un pack de réalité immersive clé en main. Un ou plusieurs masques de réalité virtuelle permettent de voyager, de se détendre, de méditer ou encore de se cultiver. Afin d’accompagner les utilisateurs, un animateur peut piloter et animer une séance grâce à une tablette. Enfin pour ne pas provoquer de lassitude et susciter l’envie, les expériences immersives sont régulièrement mises à jour grâce à la plateforme cloud FeelU. Nous proposons également des masques spécifiquement dédiés au soin pour être facilement utilisé lors de changement de pansement douloureux par exemple, le tout de manière complétement autonome et mobile. Ces deux approches permettent de réduire l’isolement social, la prise médicamenteuse (anti-douleurs) et le stress. L’accès à l’immersion numérique permet une nouvelle forme de thérapie non invasive. 

Comment voyez-vous évoluer le secteur du vieillissement ? 

Le secteur du vieillissement éveille ma curiosité depuis mon plus jeune âge, mais depuis 10 ans, ma réflexion est portée sur le changement sociétal que nous vivons. Deux constats ont fait germer le besoin d’apporter une solution nouvelle à l’isolement des seniors lorsque la perte d’autonomie apparait : 

– > Nous n’avons jamais été aussi connectés et pourtant des ruptures (sociales, familiales,) sont apparues avec l’arrivée du numérique et de ses possibilités. 

-> En parallèle, les sujets du vieillissement de la population et l’inversion de la pyramide des âges sont un enjeu sociétal qui mérite d’être creusé. Être senior aujourd’hui ne veut plus dire grand-chose : il existe parfois plusieurs vies entre le début de la retraite et la fin de vie. En recherchant la technologie qui permettrait d’apporter une solution nouvelle à ces nouveaux enjeux, les médias immersifs sont apparus comme un outil fascinant de pouvoir d’empathie et de bien-être. Je suis convaincue de l’intérêt d’utiliser ces innovations dans les soins de demain qui accompagneront la perte d’autonomie non plus de façon mécanique et médicamenteuse mais également par l’usage d’outils immersifs adaptés aux connaissances en terme de réadaptation cognitive. Les économistes verront un marché vertigineux mais de ma fenêtre, je vois une urgence à participer à l’élaboration d’innovations technologiques permettant de favoriser le lien social, le soin, et le bien-être au travail grâce aux voyages immersifs FeelU et de travailler autour de l’axe bien-être, bien-vieillir et bien vivre ensemble. 

Y a t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ? 

Pour être très franche, au cours des premières années de création et de maturation du projet @FeelU, je portais une colère en moi : j’avais l’intime conviction qu’être une femme pour porter un projet d’innovation « technologique » était un handicap. Dans un monde d’hommes où je vivais, les codes de la « réussite entrepreneuriale » étaient incompatibles avec le fait d’être une femme. Il fallait composer avec les différentes facettes de nos vies et respecter les cycles qui sont inéluctables aux conditions féminines. J’ai ainsi d’abord douté de ma capacité à porter tous les aspects de ma vie (entrepreneuriale, maternelle, femme tout simplement). Mais dans ce monde en pleine évolution, les places de la femme et de l’homme au sein de la société sont en train de bouger. J’ai la chance de travailler avec cette nouvelle génération d’hommes, capable de me soutenir pour avancer. Il me parait désormais possible de vivre plus sereinement cette question du « plus » qu’être une femme apporte à ce métier. Je crois que cette sensibilité souvent attribuée à la femme (mais que l’on retrouve chez tous les humains connectés à leur cœur finalement) permet de construire ce projet avec l’intention de « protéger et accompagner la croissance » instinctive nécessaire à l’empathie que nous souhaitons pour ce secteur du « bien-vieillir ». Avec le recul, la différence homme/femme au sein d’une entreprise permet de monter des projets équilibrés et adaptés au plus grand nombre. En tant que capitaine, le fait que chacun trouve sa place et s’épanouisse au sein de notre équipe est primordiale pour moi. En tant que femme, l’écoute me permet d’accompagner chacun sur ce chemin.

Françoise Fromageau – Médecin

L’avancée en âge peut aussi faire émerger des inégalités sociales qui fabriquent des « vieux précaires » et invisibles.

Qui êtes-vous ? 

Née à Brest, babyboomeuse et revenue vivre en Pays Bigouden vingt-cinq ans après, je rêvais de bord de mer après des études de médecine en plein Paris. Un choix de vie évident à l’époque (1968 n’était pas si loin ) et la chance d’être accueillie et accompagnée dans mes premiers pas de médecin dans un hôpital de proximité à taille humaine.

Des engagements militants qui me font voyager du Larzac où nous étions nombreux à être propriétaires fonciers, aux côtes de la Bretagne Nord lors du naufrage de l’Amaco Cadiz sans oublier la lutte pour le Droit des Femmes avec l’adoption de la loi Veil et cette nécessité d’informer les jeunes pour que chacun puisse choisir en toute conscience et ça c’était avant les années SIDA. Je mesure au quotidien ma chance d’exercer un métier qui me fait grandir tous les jours, de vivre dans un pays de libertés et de rencontrer des personnes formidables qui donnent du sens à mes engagements et me permettent de penser que l’on peut changer le monde. 

40 ans après… toujours médecin dans un hôpital, ouvert sur son territoire participant au service public hospitalier. Un hôpital qui accueillait de la naissance à la mort, un repère (repaire) structurant dans la vie des Bigoudens (habitants du Pays Bigouden), un lieu de soins, un lieu de rencontre où les familles se retrouvent le jour du marché (le jeudi), coiffes juchées sur la tête pour les femmes, faisant résonner la langue bretonne dans les couloirs. Un combat permanent avec les autorités sanitaires pour conserver maternité, chirurgie, SMUR, combat mené avec les élus et les patients pour garder en proximité une offre de soins de qualité. Une petite structure où les projets se construisent en transversalité, répondant aux besoins du territoire et en lien avec les acteurs de soin du domicile. Cette interconnaissance, cette confiance mutuelle permet d’être plus pertinent dans l’accompagnement du parcours de soin des personnes âgées et de souligner l’importance de l’environnement psychosocial comme élément majeur de prévention de la perte d’autonomie.

Comment voyez-vous évoluer le secteur du vieillissement ? 

Le secteur du vieillissement : faut-il vraiment sectoriser les tranches de vie, segmenter des Politiques Publiques induisant des effets de seuil en terme d’âge, de raisonner « publics cibles » et de proposer des solutions adaptées et pensées à la place des personnes concernées ? Le vieillissement s’inscrit dans un parcours de vie, il peut être la continuité d’une existence riche et comblée et alors vieillir rime avec chance mais l’avancée en âge peut aussi faire émerger des inégalités sociales qui fabriquent des « vieux précaires » et invisibles. L’accès aux soins, les progrès de la médecine font gagner à chacun de nos concitoyens quelques années de vie qui nous obligent collectivement à offrir à chacun(e) la promesse d’une qualité de l’autre côté de l’existence et de rester citoyen jusqu’au bout du chemin. Prendre soin des personnes vieillissantes, recueillir leur parole et leurs histoires de vie constituent pour nous, accompagnateurs, des rencontres essentielles, des leçons de « longévité » qui nous guident et donnent du sens à nos engagements professionnels.

Y a t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ? 

Les métiers du Soin, du Care sont à ce jour des métiers majoritairement exercés par des femmes. Est-ce une place imposée, une place assignée, une place déléguée aux femmes ? La prise en soins et l’accompagnement des plus vulnérables contribuent à la santé et au bien-être des personnes mais ce lien de soin, ce lien vital réinterroge la relation d’aide et par là même la place et le rôle de la personne aidante. Changer le regard sur la personne accompagnée, la considérer comme une personne à part entière transforme ce lien de soin en lien de réciprocité et d’humanité. Ces métiers essentiels imposent le respect et la reconnaissance car ils contribuent au-delà du soin à construire du lien citoyen et solidaire. Nous devons tous bousculer nos représentations et la rencontre avec des hommes, aidants principaux d’épouses ou de mères vulnérables, contribue à changer notre regard sur cette assignation séculaire des femmes aux métiers du Care. Prendre soin de l’autre, exercer une veille solidaire de proximité auprès des plus fragiles engage chacun d’entre nous mais valorise également l’engagement des professionnels(les), espérons que cela puisse renforcer l’attractivité de ces métiers d’avenir auprès des femmes bien sûr mais aussi de hommes.

Alexandra de Saivre – Tous en Tandem

Prévenir la perte d’autonomie des aînés en dynamisant la vie sociale autour d’ateliers culturels, interactifs et intergénérationnels.

Qui êtes-vous ? 

Alexandra de Saivre, dynamique et enthousiaste, après 12 ans en marketing dans des entreprises de grande consommation, je décide de changer de voie pour une mission, selon moi, plus humaine et ayant plus de sens. Je fonde Tous en Tandem, générations complices, et cherche à avoir plus d’impact auprès des aînés, mais aussi auprès des étudiants qui nous accompagnent.

Quel est votre métier ? 

Tous en Tandem, entreprise de l’économie sociale et solidaire, souhaite prévenir la perte d’autonomie des aînés en dynamisant la vie sociale autour d’ateliers culturels, interactifs et intergénérationnels. Chaque semaine, dans plus de 60 villes en France, une centaine de Tandémiens, étudiants, sélectionnés, formés et accompagnés par Tous en Tandem, anime des ateliers interactifs dans les établissements pour seniors. Partage et transmission sont au cœur de ce service clef en main. L’enjeu est triple : prévenir la perte d’autonomie des aînés, enrichir les compétences de savoir-être des étudiants, lutter contre l’âgisme… Ces ateliers sont réalisés en groupe en présentiel mais aussi en visio. Pendant le 1er confinement Tous en Tandem a développé les Echappées téléphoniques, appels culturels et interactifs entre un Tandémien et un aîné, favorisant la réminiscence des souvenirs, l’évasion culturelle le temps d’un appel régulier et structuré.

Comment voyez-vous évoluer le secteur du vieillissement ? 

C’est un secteur qui bouge énormément, dans lequel les acteurs et les solutions se multiplient mais il n’est pas encore suffisamment structuré et manque de moyens pour, non pas guérir la vieillesse, mais l’accompagner avec beaucoup plus d’humanité. On voit 3 tendances se renforcer : 

– Il y a davantage de moyens autour du soin de la personne âgée en EHPAD qui est de plus en plus dépendante et plus de solutions pour permettre à ceux qui le souhaitent de rester vieillir à domicile; 

– Un grand nombre d’acteurs technologiques apportent des solutions connectées ou autour de la domotique;

– De plus petits acteurs se concentrent sur le lien social, comme vecteur clef du bien-vieillir. Une vraie prise de conscience est indispensable mais elle nécessite pour devenir un axe gouvernemental, à la fois plus de moyens humains et financiers autour de la formation (initiale et continue) de ces métiers du vieillissement mais aussi un changement de paradigme afin de ne pas laisser reposer l’effort sur les seuls bénévoles.

Y a t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ? 

N’étant pas féministe, je ne suis pas convaincue qu’être femme dans ce milieu-là soit un plus, mais je suis sûre que mon empathie et ma sensibilité (sans doute des traits de caractère plus féminins) sont mes moteurs au quotidien et nourrissent ma volonté de changer le curseur entre curatif et préventif mais aussi de valoriser les métiers de l’accompagnement de la personne âgée autour de la culture et du lien social, comme clef du mieux-vieillir. Il y a une dizaine d’année, la stimulation physique était le fer de lance du bien-vieillir : aujourd’hui celle du lien social et de la stimulation cognitive doivent devenir un des piliers majeurs.

Delphine Dupré-Lévêque Anthropologue 

Observer, écouter, donner du sens, trouver le sens de la construction de nos relations à l’autre. 

Qui êtes-vous ? 

Je suis une optimiste qui savoure chaque petit rien de la vie… L’odeur d’une boulangerie, un rayon de soleil au milieu des nuages, un sourire, un moment entre amis. 

Quel est votre métier? 

L’anthropologie est un regard, c’est ainsi que je définis cette science humaine et sociale. Dès la première minute où j’ai écouté la première intervention de mon premier professeur, j’ai su que je serai anthropologue. Observer, écouter, donner du sens, trouver le sens de la construction de nos relations à l’autre permet de saisir la magie de la vie. Ces relations ne sont parfois faites que d’un regard, d’une main tendue, d’un sourire à peine perceptible. Mais quelle chance alors d’être anthropologue, et plus encore, spécialisée en gérontologieº! Imaginez, je m’installe des heures durant dans un Ehpad, dans une unité de vie protégée et là j’observe… J’observe tout. J’observe les échanges des résidents avec les professionnels et bien sûr les résidents entre eux. Quand l’un m’invite à le suivre dans le fil de sa pensée ou dans un espace particulier, je le suis et je pars avec lui sur la route où il veut me mener. Ce sont des moments privilégiés. Observer, analyser et donner du sens là où peu de personnes perçoivent la richesse et les organisations de ces interactions est le privilège absolu de l’anthropologue. Je ne vois pas quel autre métier j’aurais pu faire, ni quel autre objet d’études pourrait être aussi passionnant.

Comment voyez-vous évoluer le secteur du vieillissement ? 

Paradoxalement, le secteur du vieillissement est un secteur innovant. Plus les recherches avancent sur le vieillissement plus ce secteur se complexifie parce que l’objet «ºvieuxº» change et évolue rapidement. La révolution démographique a été plus rapide que les évolutions sociétales et l’un a rarement était envisagé avec l’autre. Aujourd’hui, en 2020, presque un million de personnes ont 90 ans en France. Il y a 30 ans, le jour de leur 60ème anniversaire, très peu pouvaient se projeter à 90 ans et pourtant… Les études ne savent plus quel groupe considérer comme “vieux”º: les plus de 60 ans, de 65 ans, de 75 ans, de 85 ans, les centenairesº? Finalement ce que l’on sait, c’est que l’on ne sait plus rien. 

Alors, cessons de parler et observonsº! Les vieux d’aujourd’hui, ceux qui ont plus de 90 ans, nous ouvrent la voie. Ils sont nos inventeurs de demain, nos coachs, puisque grâce à eux, nous nous préparons tous à devenir des vieux. Nous les regardons faire, nous les étudions, reste à faire de ces modèles des icônes de la mode et c’est là que nous entrons en scène, nous, les acteurs de la silverº! La saga est longue et pleine de rebondissements, je vous l’ai dit, c’est tout ce qui fait la beauté de la vie. 

Y a t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ? 

Si hommes / femmes, même combat, vieux / vieilles, là, le combat est un peu plus inégal. Les vieux sont souvent des vieilles et il semble moins enviable d’être une vieille plutôt qu’un vieux. C’est assez injuste car si ces vieilles sont là c’est que, quelque part, elles ont survécu avec plus de talent. Peu le définissent comme tel. 

Encore une fois, c’est à nous les acteurs de la silver d’entrer en scène sans avoir peur. Acteur anthropologue au féminin, au masculin? Je ne sais pas, les sciences humaines sont par définition si humaines qu’elles en sont donc profondément culturelles. J’aurais aimé être un homme anthropologue déambulant au hasard des couloirs des établissements. Je pense que le regard que j’aurais porté en tant qu’anthropologue aurait été proche du mien, mais, par contre, je pense que le regard qui aurait été porté par les résidents et surtout les résidentes sur moi aurait été totalement différent. Que l’on parle des soignants ou des résidents, les hommes dans les Ehpad sont une denrée rare. Alors ils ont tous une place à part dans le cœur des résidentes car résidente n’en reste pas moins femme. Anthropologue homme, la séduction aurait eu la part encore plus belle. 

La séduction, l’envie de plaire, et je terminerais par ce sujet, ne s’effacent pas avec les rides. La séduction, l’envie de plaire c’est l’essence même de la relation à l’autre et qui nous permet de rester connectés. C’est à chacun d’entre nous, dès lors qu’il est au contact des vieux et des vieilles, dès lors qu’il a donné du sens aux mots respect et dignité, de tout mettre en œuvre, pour que la flamme qui nous anime tous, brille aux fond des yeux de chacun jusqu’à son dernier souffle. Je crois que c’est le rôle de chaque acteur de la silver. Ensemble, Solidaires!

Sandrine Debreuque – DLM Créations

Prévenir les TMS et maintenir l’autonomie grâce à des équipements adaptés.

Qui êtes-vous ? 

Je suis mariée, maman de 2 enfants et je travaille dans la communication depuis plus de 15 ans. J’ai découvert la filière du « Grand Âge » il y a quasiment un an, lorsque j’ai été embauchée par DLM Créations. Une société qui œuvre depuis plus de vingt ans dans l’aménagement intérieur des Ehpad, centres hospitaliers, résidences autonomie, etc. DLM Créations est reconnue comme un acteur important dans la prévention des TMS et le maintien de l’autonomie et propose des équipements adaptés aux besoins de ces établissements. Ce qui me plait dans cette activité, c’est l’aspect humain, pouvoir apporter des solutions à des problématiques réelles rencontrées sur le terrain.

Quel est votre métier? 

Je suis responsable du service marketing et communication de DLM Créations. J’ai pour habitude de travailler en équipe, car dans ce métier, il est essentiel d’échanger, de proposer, de communiquer en interne pour être efficace. Salons, évènements, animation des réseaux sociaux et site internet, relations publiques, développement de partenariats, création de supports d’aide à la vente… nous accompagnons notre force de vente mais sommes également garant de l’image de la société. Une de nos missions principales est de faire connaitre notre démarche, celle qui nous différencie et communiquer sur notre gamme Ergomodel, la gamme dédiée à la prévention des TMS et au maintien de l’autonomie. Avec cette gamme, nous sommes reconnus comme un véritable acteur pour accompagner les établissements dans leur démarche de prévention contre les TMS ; nous nous entourons de professionnels experts et développons des partenariats avec des acteurs locaux, régionaux et nationaux de la filière du Grand Âge comme le Pôle Autonomie Santé – L’étape situé à Lattes dans l’Hérault ou la fondation i2ml en région Occitanie. 

Comment voyez-vous évoluer le secteur du vieillissement ? 

Le secteur du vieillissement se doit d’évoluer car la croissance démographique est là, les chiffres parlent d’eux-mêmes. C’est un enjeu sociétal. J’espère que la loi Grand Âge – Autonomie que nous attendons tous sera à la hauteur de nos espérances. Les professionnels sur le terrain (aidants, soignants, aides à domicile, etc.) ont besoin de se sentir soutenus avec des actes et un véritable projet autour des métiers du Grand Âge. Nous ne pouvons plus reculer, il faut faire évoluer l’habitat comme les Ehpad et s’adapter aux aspirations et enjeux de la société. Une chose est sûre, l’heure est au changement mais les professionnels ont besoin d’actes pour relever le défi du « bien vieillir » d’ici l’horizon 2030.

Y a t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ? 

Très franchement je ne pense pas. C’est plutôt une question de personne que de genre. Pour moi, évoluer dans cette filière et « être actrice » dans ce secteur, c’est donner du sens à mon projet professionnel et apporter une petite contribution au service du Bien Vieillir. Que l’on soit « un homme » ou « une femme » cela importe peu.